Alors que les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) prennent une place centrale dans les stratégies d’entreprise, l’Europe franchit un cap décisif avec la mise en œuvre progressive de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Cette directive marque une nouvelle ère de la transparence extra-financière, obligeant les grandes entreprises à publier des rapports détaillés sur leurs impacts sociétaux et environnementaux.
Mais qu’en est-il des petites et moyennes entreprises (PME), qui, bien que non directement concernées par cette obligation, évoluent dans un écosystème où la responsabilité devient la norme, et non plus l’exception ?
Pour ces acteurs essentiels du tissu économique, un nouvel outil voit le jour : le reporting VSME. Volontaire et allégé, ce dispositif a été conçu pour répondre aux spécificités des PME, en leur offrant un cadre structuré et accessible pour piloter leur démarche RSE, renforcer leur crédibilité auprès de leurs parties prenantes, et anticiper les futures attentes réglementaires.
Bien plus qu’une simple formalité, le reporting VSME peut devenir un véritable levier de transformation, de différenciation et de compétitivité. À l’heure où les chaînes de valeur se durcissent et où les clients, partenaires financiers et donneurs d’ordres exigent toujours plus de transparence, les PME ont tout intérêt à s’en saisir.
Qu’est-ce que le reporting VSME ?
Mis en place à l’initiative de l’EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group), le reporting VSME vise à accompagner les petites entreprises dans leur transition vers un modèle plus durable, en leur proposant un cadre structuré et allégé.
Deux formats adaptés à la taille des entreprises : le dispositif VSME se décline en deux modules distincts, pensés pour s’adapter à la taille et à la maturité des entreprises tout en leur offrant une progression structurée dans leur démarche de transparence extra-financière
Dispositif VSME : Le module basique
Ce format s’adresse principalement aux très petites entreprises (TPE) répondant à au moins deux des trois critères suivants :
- Moins de 10 salariés
- Un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 900 000 €
- Un total de bilan inférieur ou égal à 450 000 €
Il repose sur une logique simple et accessible : un questionnaire basé sur des réponses binaires (OUI / NON), permettant d’indiquer si certaines pratiques ou indicateurs ESG sont en place ou non au sein de l’entreprise. Ce module vise à amorcer une première structuration sans surcharge administrative, en se concentrant sur les informations disponibles.
Dispositif VSME : Le module complet
Ce second niveau de reporting s’adresse aux petites et moyennes entreprises (PME), généralement définies par les seuils suivants :
- Jusqu’à 250 salariés
- Un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 50 millions d’euros
- Un total de bilan inférieur ou égal à 25 millions d’euros
Plus avancé, ce module complète le premier en y ajoutant des descriptions qualitatives, des données chiffrées, et une analyse de double matérialité recommandée. Celle-ci vise à évaluer à la fois :
- L’impact des activités de l’entreprise sur son environnement (matérialité d’impact)
- L’influence des enjeux ESG sur la performance et la résilience de l’entreprise (matérialité financière)
À noter : le module complet intègre entièrement le contenu du module basique, ce qui permet aux entreprises ayant déjà réalisé le premier niveau de capitaliser sur ce travail initial tout en poursuivant leur structuration RSE.
À quoi sert le reporting VSME ?
Le reporting VSME, bien qu’encore volontaire, s’impose aujourd’hui comme un véritable levier stratégique pour les PME. Loin d’être une simple formalité, ce dispositif offre une opportunité unique de structurer leur démarche RSE et de répondre aux enjeux suivants :
Structurer et piloter la démarche RSE
En adoptant le reporting VSME, les PME peuvent mettre en place une organisation claire, avec des indicateurs concrets, leur permettant de mesurer leurs impacts, suivre leurs progrès et ajuster leurs actions au fil du temps. Cette démarche rigoureuse facilite non seulement la gestion interne, mais aussi la valorisation de leur engagement auprès de leurs clients, partenaires, financeurs et futurs collaborateurs
Répondre aux attentes croissantes des parties prenantes
Ce format correspond au niveau d’exigence maximal que peuvent attendre les clients grands comptes, financeurs ou fournisseurs. Dans un contexte où les demandes de questionnaire RSE se multiplient, le reporting VSME offre un cadre clair et reconnu, facilitant la communication et la confiance avec toutes les parties prenantes.
Anticiper les évolutions réglementaires
Même si la CSRD ne s’applique pas directement aux PME pour l’instant, le reporting VSME leur permet de préparer sereinement un futur élargissement des obligations en matière de transparence extra-financière. En s’y conformant dès aujourd’hui, elles gagnent du temps, évitent les ruptures et prennent une longueur d’avance face à la montée des exigences.
Assurer la cohérence entre reporting extra-financier et financier
La VSME favorise une meilleure articulation entre les informations financières et extra-financières, renforçant la transparence globale de l’entreprise et sa capacité à démontrer la création de valeur durable.
Un socle commun d’indicateurs ESG
Enfin, le reporting VSME propose un ensemble d’indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance standardisés. Ce socle commun facilite la comparaison entre entreprises et simplifie la communication extra-financière, un atout important pour se positionner dans un écosystème économique et en pleine transformation.
Une approche progressive pour structurer votre reporting extra-financier
Pour accompagner les entreprises dans leur démarche de transparence extra-financière, plusieurs étapes et formats de reporting existent, adaptés à la taille et à la maturité de chaque organisation. Voici un parcours recommandé, de la plus petite structure jusqu’aux grandes entreprises :
1. La Base de Données Économiques, Sociales et Environnementales (BDESE)
Obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés, la BDESE constitue une première étape structurante. Elle permet de centraliser les données sociales, économiques et environnementales, même si son périmètre reste relativement limité comparé aux exigences actuelles.
2. Le reporting VSME basique
Pour les TPE et petites PME qui souhaitent commencer simplement, un reporting basique constitue une bonne porte d’entrée. Il permet de poser les premières fondations, avec un format accessible et peu contraignant.
3. Le reporting VSME complet
Destiné aux PME, le reporting VSME offre un cadre volontaire, mais structuré, avec des indicateurs clairs et adaptés à leur taille. Ce format intègre notamment des analyses des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance, et permet de consolider la démarche RSE avec des engagements chiffrés. C’est un véritable levier pour répondre aux attentes des clients, fournisseurs et financiers et anticiper les futures obligations réglementaires.
4. Au croisement de la VSME et de la CSRD
Certaines entreprises vont au-delà du cadre standard du VSME en enrichissant leur reporting par des indicateurs supplémentaires et une analyse plus fine des enjeux spécifiques à leur secteur. Cette étape intermédiaire leur permet de renforcer encore leur position d’acteur responsable tout en préparant la montée en puissance des exigences.
5. La CSRD
Pour les grandes entreprises et les ETI, la CSRD impose un reporting extra-financier obligatoire et très détaillé, incluant des normes strictes d’audit et de transparence. Cette directive marque le plus haut niveau d’exigence en matière de reporting RSE au niveau européen.
Tableau récapitulatif
Taille de l’entreprise | Outil de reporting recommandé | Niveau d’exigence |
---|---|---|
TPE | Reporting basique | Initiation simple |
PME < 50 salariés | BDESE | Premier cadre structuré |
PME | Reporting VSME | Volontaire, structuré |
PME avancées | Au croisement de la VSME et de la CSRD | Renforcé, plus complet |
ETI et GE | CSRD - obligatoire | obligatoire, normes strictes |
Conseil pratique : Pour bien démarrer, il est recommandé d’identifier d’abord les données déjà disponibles en interne, d’évaluer les manques et de bâtir progressivement un reporting cohérent et adapté à votre maturité et ressources.
Pourquoi s'intéresser au reporting VSME dès maintenant ?
Adopter le reporting VSME, c’est anticiper les attentes du marché, renforcer sa compétitivité et affirmer son positionnement en tant qu’acteur engagé.
C’est aussi l’opportunité de démontrer cet engagement de manière crédible à l’aide d’indicateurs objectifs, non opposables et comparables, issus d’un référentiel commun (VSME/CSRD). Vous crédibilisez ainsi votre démarche RSE, vous en prouvez l’authenticité, tout en limitant votre exposition au risque de greenwashing.
Chez Next Decision, nous accompagnons les entreprises dans la structuration de leur reporting ESG, mais aussi dans l’industrialisation de la collecte et de la production des indicateurs, quels que soient leur taille ou leur niveau de maturité.
La production et le suivi de ces indicateurs peuvent s’effectuer sur Excel, via votre outil de Business Intelligence actuel, ou à travers un outil dédié. En fonction de vos besoins et de votre projet, nous vous aidons à identifier et mettre en œuvre la solution la plus adaptée.
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